Frugalisme et indépendance financière

Vous avez entendu parler de frugalisme et de l’indépendance financière ? Foxy le renard argenté fait le point pour vous.

Définition et petite histoire du frugalisme

Le concept du frugalisme se présente en mode de vie alternatif dans une société où la norme est au travail sur une majorité de son temps et ce jusqu’à ce qu’on ait atteint l’âge d’une retraite bien méritée dans la soixantaine, le tout rythmé par une consommation régulière et importante.

Le frugaliste est d’abord une personne qui va tâcher de consommer moins et mieux afin de faire des économies. Ces économies vont d’abord lui permettre de s’affranchir de tout crédits (même éventuellement d’un prêt immobilier). Cela n’a en soi rien de neuf.

La nouveauté tient au fait que les frugalistes d’aujourd’hui, appartenant majoritairement à la classe moyenne et moyenne supérieur, ont également pour objectif de gagner en confort et qualité de vie tout en travaillant moins, ce qui peut sembler paradoxal au premier abord.

En effet, il est étroitement lié au mouvement FIRE apparu dans les années 90 aux Etats-Unis. Cet acronyme anglais pour « Financial Indépendance, Retire Early » est généralement traduit en français par l’indépendance ou liberté financière avec retraite précoce.

Concrètement, il s’agit de revoir toutes ses dépenses, afin de les minimiser pour mettre autant que possible de côté, investir cet argent avec pour objectif final de prendre sa retraite vers 40 ans.

Tout en ayant des principes pratiques communs, il peut être distingué de la « décroissance » qui est un concept économique, mais aussi politique et social apparu dans les années 70. Le mouvement frugaliste (même s’il n’est pas incompatible avec les valeurs de la décroissance) est plus centré sur l’individu. Certains frugalistes choisissent ainsi de travailler intensément pour gagner un maximum d’argent dans des secteurs et de placer cet argent sur des produits qui ne sont pas en accord avec les principes de décroissance.

Frugalisme : pourquoi vivre en-dessous de ses moyens ?

On entend souvent dire qu’être frugaliste, c’est donc accepter de « vivre en dessous de ses moyens ». Dit comme cela, ça ne donne pas envie à tout le monde… Pourtant si une démarche globale est mise en place, « vivre en-dessous de ses moyens » se différencie du fait de se priver.

En réduisant ou supprimant toute dépense inutile, le frugaliste dégage une part de budget qu’il peut alors mettre de côté, puis investir.

Bien investie, cette somme rapporte elle-même de l’argent. C’est ce qu’on appelle des « revenus passifs », donc des revenus sans rien faire (ou presque), en tout cas qui ne sont pas lié à un travail.

C’est donc alors votre argent qui travaille pour vous. Dit comme cela, on comprend mieux que ce mouvement suscite un tel intérêt !

Du frugalisme à l’indépendance financière : comment ça marche ?

Le frugalisme vous intéresse ? Le mouvement FIRE attire votre curiosité ? Une retraite à 40 ans ou (si vous vous y mettez plus près de vos 40 ans que de vos 20 ans) un complément de revenus significatif à la retraite, est un objectif motivant pour vous ? Finalement, qui n’aurait pas envie de voir son argent travailler pour lui plutôt que de travailler soi-même pour son argent ?

Maintenant, il va falloir peut-être apprendre ou réapprendre à vivre en dessous de ses moyens. Voici les principales étapes de ce processus.

Définir votre objectif en matière financière en accord avec votre situation personnelle et professionnelle

Vous avez 25 ans, n’avez pas d’enfant, mais vous avez un travail ou des compétences qui vous permettent de faire un maximum d’heures (payées !), d’avoir une entreprise en parallèle, avec des perspectives de progression salariale.

Vs.

Vous êtes mère célibataire à 40 ans avec deux enfants et un salaire moyen.

Ne vous mettez pas les mêmes objectifs !

D’une manière réaliste, si les premiers peuvent viser la retraite à 40 ans, les secondes viseront une facilitation de la gestion du budget familial avec la création d’une épargne et de revenus complémentaires sur le long terme et à la retraite.

Etape 1 : prendre conscience de ses dépenses

Pour ce faire, listez toutes vos dépenses sur plusieurs mois.

N’oubliez pas de compter les dépenses qui apparaissent sur une base annuelle (taxe foncière ou d’habitation, impôt sur le revenu, régulation de charges, peut-être vos assurances…). Pour cet exercice, mensualisez-les.

Etape 2 : créer des catégories de dépenses

En notant toutes ces dépenses, vous allez directement voir qu’il y en a de plusieurs types :

  • les charges fixes avec un prélèvement ou un virement automatisé (mensualités de crédits, loyer, factures d’énergie, abonnement…).
  • les dépenses essentielles, mais variables (alimentation, frais de voiture, habillement, frais de garde…).
  • les dépenses non-essentielles (sorties, achats dispensables…).

Etape 3 : fixer un budget maximum par catégorie

Il s’agit de l’étape fondamentale qui permet d’entrer dans la démarche frugaliste. Pour autant, le budget doit rester réaliste !

En fonction de votre rapport à la gestion de votre budget, vous pouvez scinder cette étape en deux voire trois paliers :

  • Connaître le budget à ne pas dépasser dans chaque catégorie.
    Pour ce faire, faites la moyenne des dépenses sur 3 mois pour chaque catégorie.

  • Fixer un budget à consacrer à l’épargne.
    Si un budget bien géré permettant de se libérer d’un maximum de crédits consacre 20 % des revenus à l’épargne, un budget frugaliste consacre au moins 40 % des revenus à l’épargne. Derrière les success stories de frugalistes ayant pris leur retraite à 40 ans, on trouve des mises à l’épargne allant de 60 à 80 % des salaires. Un trait commun de ces derniers est l’absence de loyer, même si les raisons varient.

  • Fixer un objectif de budget maximum.
    Pour dégager cette somme dédiée à l’épargne, si ce n’est pas encore dans vos habitudes, vous allez devoir réduire vos dépenses. C’est cela l’objectif de budget maximum par catégorie.

Etape 4 : diminuer les dépenses dans chaque catégorie

Pour être frugaliste, vous allez devoir réduire toutes les catégories de dépenses. Cela va passer par

  • la sortie des crédits (avec pour seule exception, dans un premier temps au moins, du prêt immobilier)
  • la renégociation de tous vos contrats utiles : assurance, téléphonie, internet, énergie… Et même, si vous êtes locataire, de votre loyer.
    En effet, le loyer (ou la mensualité de crédit immobilier) représente un poste important de dépense qui peut prendre jusqu’à un tiers de vos revenus. La recommandation de nombre de frugalistes est donc d’estimer le nombre m² dont vous avez vraiment besoin et, si nécessaire, de déménager dans un logement plus petit qui vous coûtera significativement moins cher.
  • la suppression de tous vos abonnements peu ou pas utiles (plateformes de streaming, salle de sport…).

Globalement, les frugalistes ne font quasiment aucune dépense non-essentielle ou privilégient toute solution alternative moins coûteuse (seconde plutôt que première main, fait maison plutôt que préparé, la marche au lieu de prendre des transports en commun ou voiture en ville…). Certains vont changer d’alimentation, supprimer toute sortie dans un lieu payant, ou baisser drastiquement le chauffage…

En somme, ici, c’est à vous de jouer ! Le renard argenté vous donnera ses trucs et astuces pour baisser vos dépenses quels que soient vos objectifs et votre situation financière. A chacun d’adopter ce qui est à sa portée en fonction de sa propre situation !

Etape 5 : placer son argent de façon stratégique pour le faire travailler pour vous !

Mettre son argent au travail pour à terme ne plus avoir à travailler soi-même, c’est bien là le moteur de la démarche frugaliste, surtout si vous visez l’indépendance financière.

Toutefois, il y a à cela quelques prérequis : un budget bien géré (fini les découverts !), une épargne de sécurité et une épargne projet (fini les crédits !), et une épargne disponible pour les placements.

En revanche, il ne faut pas s’arrêter à certains clichés sur les placements. En effet, aujourd’hui de nombreux types de placements permettent d’investir de relativement petites sommes que ce soit ponctuellement ou sur une base mensuelle.

On citera à titre d’exemples :

  • SCPI
  • crowdfunding immobilier
  • assurances-vie
  • crypto-monnaies

Ici, il faudra bien s’informer – je dirais même se former -, comparer, diversifier ses placements, ne pas attendre de résultats fous à court terme… et surtout accepter d’apprendre de ses erreurs.

Le frugalisme pour arriver à la liberté financière

La liberté financière visée par les frugalistes doit arriver à la fin de la période de thésaurisation et de placement, soit 15 à 20 ans. A partir de là, il devient possible de vivre sur les intérêts versés par ses placements.

Le rendement minimum de vos placements est donc estimé à 4 % au moins sur une somme correspondant à 25 fois vos dépenses annuelles.

Pour rappel, l’objectif est de ne plus dépendre d’un emploi pour vivre, et ainsi quitter ce que les anglo-saxons appellent la « rat-racing » (image du rat qui court dans une roue, comparable à la routine du métro-boulot-dodo pour seule vie)

Cette manière de vivre doit permettre d’éviter nombre de dérives de la société de consommation, ainsi que les certains effets néfastes du travail sur la santé physique et psychologique (notamment les burn-out).

Il nous faut néanmoins faire une mise en garde.

Il ne s’agit pas d’une méthode magique et sans inconvénient. Le frugalisme peut avoir un impact sur votre vie sociale, est peu compatible avec la vie de famille, et les tentations sont importantes avec parfois une sensation de privation qui peut s’avérer à double tranchant (effet yoyo un peu comme dans un régime).

Si le frugalisme peut être utile à tout budget (réduire les dépenses, mieux consommer, constituer une épargne et faire fructifier son argent), l’indépendance ou liberté financière nécessite des investissements importants sur le long terme.

Cela implique d’avoir des revenus vraiment suffisants. L’indépendance financière est donc principalement accessible à une classe moyenne (moyenne à supérieure). En particulier aux personnes ayant un travail permettant soit d’obtenir un salaire élevé (comme les cadres), soit de faire des heures supplémentaires (restauration, métiers de soins…).

En prendre conscience, se fixer des objectifs compatibles avec les réalités de sa vie, et faire des choix en accord avec ses propres valeurs sont donc des conditions essentielles au succès de la démarche.

Les blogs, podcasts et chaînes YouTube à suivre pour trouver des infos, des bons conseils et plus globalement de l’inspiration :